Qu'est-ce que la médiation animale ?

Dans le vaste domaine de la relation homme-animal, la médiation animale émerge comme un pont fascinant entre les besoins thérapeutiques des individus et le monde animal. Nos experts animaliers chevronnés visent à éclairer les grandes questions entourant la médiation animale et le chemin à emprunter pour en faire son métier. Ces spécialistes partagent leur savoir, expériences et conseils pour guider ceux qui aspirent à intégrer les animaux dans leur pratique professionnelle. Que cela concerne les spécificités de la discipline, la formation nécessaire, les débouchés professionnels diversifiés, ou encore l'impact profond de ces interactions sur le bien-être humain et animal, ils vous proposent de fournir des réponses et d'inspirer ceux qui envisagent de parcourir cette voie enrichissante.
 

Quel est le but de la médiation animale ? Définition :

La médiation animale est une méthode thérapeutique innovante qui repose sur la présence et l'interaction avec des animaux spécifiquement éduqués pour favoriser, soutenir ou restaurer le bien-être psychique, physique, social ou émotionnel des individus. Cette approche, profondément ancrée dans un respect mutuel entre humains et animaux, offre un espace de bienveillance et de compréhension unique entre tous les participants.

Les bénéfices pour les personnes recevant la médiation animale sont vastes et touchent plusieurs dimensions de leur bien-être :

• Sur le plan émotionnel, la présence d'un animal peut réduire significativement les sentiments de solitude, d'anxiété et de dépression, en offrant un confort et une compagnie inconditionnels.
• Physiquement, les interactions avec les animaux peuvent encourager l'exercice, la motricité fine et générale, et même améliorer la santé cardiovasculaire.
• Socialement, les animaux servent souvent de ponts, facilitant les interactions humaines et aidant à surmonter les barrières communicationnelles.
• Sur le plan cognitif, travailler avec des animaux peut stimuler la mémoire, l'attention et d'autres fonctions cérébrales.

Tout commence avec Boris Levinson, ou presque…

La médiation animale trouve ses racines dans une histoire riche et diversifiée, marquée par la reconnaissance progressive des bénéfices psychologiques et physiques de la relation entre les humains et les animaux. Son origine peut être tracée jusqu'à l'Antiquité, où les animaux étaient déjà présents dans un cadre thérapeutique dans certaines civilisations. Toutefois, c'est dans la première moitié du 20ᵉ siècle que les premières utilisations formelles d'animaux à des fins thérapeutiques ont été documentées, notamment avec le travail du psychiatre américain Boris Levinson.

Levinson a observé comment la présence d'un animal de compagnie pouvait faciliter les interactions avec ses jeunes patients. Il a constaté que les enfants qui se retiraient ou qui étaient réticents à parler s'ouvraient plus facilement et communiquaient plus librement en présence de son chien. Ces observations ont jeté les bases de ce que nous appelons aujourd'hui la médiation animale, une pratique qui s'appuie sur l'utilisation d'animaux comme facilitateurs dans le processus thérapeutique.

Quelle est la différence entre la médiation et la thérapie animale ?

Bien que la médiation animale et la thérapie animale partagent la vision fondamentale d'enrichir les vies humaines à travers le contact avec les animaux, leurs approches, objectifs et cadres d'intervention différent. La thérapie animale se concentre sur des objectifs thérapeutiques mesurables dans un cadre clinique, tandis que la médiation animale embrasse une approche plus large et flexible, souvent orientée vers l'éducation, le social et le loisir.

Comment se déroule une séance de médiation animale ?

Un panel d'activités pour cibler les actions de la médiation animale

La mise en place d'ateliers pour les groupes

Les ateliers de médiation animale sont conçus pour faciliter l'interaction entre les participants et les animaux dans un cadre structuré et bienveillant. Ces ateliers peuvent varier considérablement en fonction des objectifs spécifiques de chaque séance, mais ils partagent tous le but commun de favoriser une connexion significative entre les humains et les animaux. Chaque atelier, comme des exercices qui améliorent la motricité et la coordination, est soigneusement planifié pour assurer la sécurité et le confort des animaux et des participants, tout en visant les bénéfices thérapeutiques recherchés.

L'organisation de jeux 

Les jeux en médiation animale varient en fonction des besoins des participants et des capacités des animaux impliqués, mais ils ont tous pour but de stimuler les échanges positifs et enrichissants. Voici quelques exemples de jeux possibles :

• Parcours d'obstacles doux : avec des équipements adaptés, les participants peuvent guider ou accompagner les animaux à travers un parcours d'obstacles. Ce type de jeu favorise la motricité, la coordination et la confiance mutuelle.
• Chercher et retrouver : ce jeu consiste à cacher des objets spécifiques ou des friandises que l'animal doit retrouver avec l'aide du participant. Il stimule l'attention, la concentration et le travail d'équipe entre l'animal et l'humain.
• Imite l'animal : les participants sont invités à imiter les mouvements ou les sons de l'animal, ce qui peut créer des moments amusants et de détente, renforçant ainsi le lien émotionnel.
• Atelier de brosse et de soins : bien que moins actif, cet atelier permet aux participants de brosser et de soigner l'animal, favorisant un moment de calme, de tendresse et de connexion profonde.

Ces jeux, et d'autres similaires, sont essentiels pour rendre la médiation animale dynamique, interactive et bénéfique pour tous les participants, encourageant ainsi le bien-être émotionnel, physique et social.
 

Les visites en fermes pédagogiques ou en centre de médiation animale

Les visites spécifiques organisées dans des fermes pédagogiques ou des centres de médiation animale jouent un rôle majeur dans l'efficacité de la médiation animale. Ces sorties offrent aux participants l'opportunité de se retrouver dans un environnement différent, souvent plus calme et serein, loin du stress et de l'agitation quotidienne. L'immersion dans ces cadres, où la nature et les animaux sont omniprésents, favorise la détente, la réduction du stress et l'augmentation de la conscience corporelle et émotionnelle. Les activités proposées pendant ces visites, qu'il s'agisse de nourrir les animaux, de s'occuper de leur habitat ou simplement de les observer, contribuent à créer des liens affectifs forts.
 

Les acteurs de la médiation animale

La médiation animale est une pratique enrichissante qui apporte des bénéfices considérables à tous les participants, à savoir l'animal, le médiateur, le bénéficiaire ainsi que le personnel aidant. Cette approche thérapeutique, fondée sur le respect mutuel et la bienveillance, crée un cercle vertueux de bien-être et d'épanouissement pour chacun.

Les animaux : chien, chat, cheval…

Les animaux, appelés également plus spécifiquement animaux d'accordage, intervenant en zoothérapie sont choisis pour leur capacité à interagir de façon positive avec les humains, apportant soutien et réconfort. Leur sélection repose sur des critères précis tels que le tempérament, la sociabilité et la capacité à être formés pour répondre aux besoins spécifiques des participants.
Les animaux les plus couramment utilisés incluent les chiens, les chats, les chevaux, mais aussi des animaux de ferme ou exotiques, selon les objectifs visés et les besoins spécifiques de chaque cas.

Les chiens sont parmi les animaux de compagnie les plus répandus en zoothérapie en raison de leur aptitude à se lier d'amitié avec les humains et leur désir naturel de plaire. Par exemple, dans des programmes destinés aux enfants avec des troubles du spectre autistique, les chiens peuvent aider à favoriser la communication et à réduire l'anxiété.

Bien que moins fréquemment utilisés que les chiens, les chats peuvent fournir un soutien émotionnel important grâce à leur présence calme et apaisante. Ils sont particulièrement bénéfiques dans les maisons de retraite ou les programmes de soins palliatifs, offrant confort et compagnie aux résidents.

La thérapie assistée par le cheval, également connue sous le nom d'équithérapie, est utilisée pour aider les personnes confrontées à des handicaps physiques et mentaux. Monter à cheval stimule le corps d'une manière qui imite la marche humaine, ce qui peut améliorer la force musculaire, la coordination et l'équilibre.

Petits, mais puissants, les lapins et les petits rongeurs sont excellents pour les interventions nécessitant un contact doux et attentif. Leur taille et leur facilité de manipulation les rendent parfaits pour les activités avec des enfants ou dans des environnements où un animal plus grand ne serait pas approprié. Certains programmes de zoothérapie intègrent aussi des oiseaux, comme les perroquets, pour aider à améliorer la communication et les compétences sociales, notamment chez les personnes âgées ou celles vivant avec la démence.
 

Le médiateur animal 

Le médiateur animal joue un rôle majeur dans la réussite d'une séance de médiation animale, agissant comme un pont entre l'animal et le bénéficiaire. Ce professionnel formé et qualifié assure la sécurité et le bien-être de toutes les parties impliquées, tout en facilitant des interactions constructives et significatives. La principale responsabilité du médiateur est de comprendre et d'interpréter le comportement de l'animal, pour garantir que l'expérience soit positive tant pour l'animal que pour le participant.

Le médiateur doit posséder une connaissance approfondie des espèces avec lesquelles il travaille, ainsi qu'une compréhension des besoins et des attentes spécifiques de chaque bénéficiaire. Cela implique une capacité à adapter les activités aux capacités et objectifs individuels, tout en créant un environnement sécuritaire et accueillant pour l'engagement.

En outre, le rôle du médiateur inclut souvent la partie éducative, visant à enseigner aux participants les bonnes pratiques dans le soin et le respect des animaux. Cet aspect pédagogique renforce le lien entre les individus et les animaux, en promouvant une cohabitation harmonieuse et un respect mutuel. La présence du médiateur est donc essentielle pour guider les interactions, assurer le respect des règles de sécurité et maximiser les bénéfices thérapeutiques de la session de médiation animale.

Les bénéficiaires

Les bénéficiaires de la médiation animale englobent un large éventail d'individus, allant des enfants aux personnes âgées, incluant ceux avec des besoins spécifiques ou confrontés à des difficultés émotionnelles, cognitives ou physiques. Cette pratique s'avère bénéfique pour les individus souffrant de troubles du spectre de l'autisme, de maladies mentales dont la maladie d'Alzheimer, de traumatismes, de handicaps physiques, ou simplement pour ceux en quête d'amélioration de leur mieux-être général.

Le personnel aidant, tel que les soignants, les éducateurs et les thérapeutes, joue également un rôle crucial en bénéficiant indirectement de la médiation animale. En intégrant cette approche dans les plans de soin ou les programmes éducatifs, ils observent souvent des progrès significatifs dans l'engagement, la motivation et le bien-être de leurs protégés, ce qui facilite grandement leur travail. La présence d'animaux peut réduire le stress et améliorer l'atmosphère générale, bénéficiant ainsi à tous les acteurs de l'environnement thérapeutique ou éducatif.

Enfin, l'entourage des bénéficiaires directs, y compris les familles et les amis, tire également avantage de la médiation animale. Ils constatent des améliorations dans la communication, les interactions sociales et la qualité de vie globale de leurs proches. De plus, en participant parfois à des sessions, l'entourage peut renforcer les liens avec le bénéficiaire ainsi qu’avec l'animal, contribuant à un cercle vertueux de soutien mutuel et de compréhension. La médiation animale peut ainsi tisser de nouveaux liens et renforcer les dynamiques familiales et sociales, prouvant qu'elle ne bénéficie pas uniquement aux individus en interaction directe avec les animaux, mais à leur communauté élargie.
 

Les objectifs de la médiation animale

La médiation animale peut être utilisée dans divers contextes, notamment en psychothérapie, en rééducation, en éducation spécialisée, ou encore dans les soins aux personnes âgées.

Stimuler l'interaction sociale dans les EHPAD

Dans les EHPAD, la médiation animale joue un rôle fondamental dans la stimulation de l'interaction sociale entre les résidents. En présence des animaux, ces derniers sont souvent plus enclins à engager la conversation, à partager des expériences ou des souvenirs liés aux animaux, facilitant ainsi le dialogue et les échanges humains. Cette interaction accrue contribue à rompre l'isolement et à améliorer l'humeur générale, offrant aux personnes âgées un sentiment de compagnie et de réconfort. De plus, le contact avec les animaux peut encourager la participation à des activités de groupe, renforçant le lien social et communautaire au sein de l'établissement.

Améliorer la motricité et l'autonomie des personnes handicapées

Pour les personnes handicapées, la médiation animale offre une voie précieuse vers l'amélioration de la motricité et l'autonomie. Les interactions avec les animaux peuvent encourager les mouvements physiques subtils ou plus prononcés, tels que caresser une fourrure douce ou maintenir la bride d'un cheval, aidant ainsi à affiner la coordination motrice et la dextérité. De plus, le fait de prendre soin d'un animal, comme le nourrir ou le brosser, permet aux individus de développer des routines qui soutiennent l'autonomie et la confiance en soi. Ces tâches, modifiées pour répondre aux besoins spécifiques de chaque personne, favorisent un sentiment d'accomplissement et d'indépendance. La médiation animale crée également un environnement motivant et engageant, incitant les participants à repousser leurs limites et à travailler vers l'amélioration de leurs capacités physiques et de leur indépendance.
 

Aider au développement social, émotionnel et cognitif des enfants autistes

En favorisant un cadre rassurant et non-jugeant, la présence des animaux peut aider les enfants autistes, mais aussi ceux en difficulté, à mieux exprimer leurs émotions et à interagir avec leur environnement. Les animaux servent de lien entre le thérapeute ou l'éducateur et l'enfant, facilitant la communication et l’apprentissage. Cette méthode encourage également les enfants à sortir de leur isolement, à participer à des activités de groupe et à développer des compétences sociales importantes. Les succès obtenus lors des interactions avec les animaux renforcent leur confiance en soi, contribuant ainsi à une meilleure estime de soi. En outre, les tâches liées à la prise en charge des animaux, telles que le brossage ou l’alimentation, stimulent leur autonomie et leur responsabilité, favorisant le développement cognitif et émotionnel.

Apporter apaisement et réconfort en milieu carcéral et judiciaire

En milieu carcéral et judiciaire, la médiation animale se révèle être un puissant vecteur d'apaisement et de réconfort pour les détenus ou les personnes en attente de jugement. La présence d'un animal dans cet environnement souvent stressant et anxiogène permet de créer un espace de quiétude et de soulagement émotionnel. Les interactions avec les animaux favorisent l'expression des émotions et contribuent à réduire significativement le niveau de stress et d'angoisse. Par ailleurs, ces moments de partage et de soin mutuel encouragent le développement d'une forme d'empathie et de responsabilité, aidant ainsi les individus à renouer avec des valeurs sociales essentielles. En offrant une échappatoire constructive face à l'enfermement, la médiation animale participe activement à la réhabilitation et à la préparation à la réinsertion des individus dans la société.

Comment devenir médiateur animal ?

Faut-il un diplôme pour exercer en France ?

En France, l'exercice de médiateur animal ne requiert pas obligatoirement l'obtention d'un diplôme spécifique. Toutefois, suivre une formation est fortement recommandé et s'avère essentiel pour garantir une pratique professionnelle compétente et respectueuse du bien-être animal et humain. Les formations disponibles offrent les connaissances théoriques, les compétences pratiques et une compréhension éthique nécessaires pour exercer cette profession avec expertise.

Quelle formation pour devenir médiateur animal ?

Pour devenir médiateur animal en France, plusieurs formations sont accessibles, allant de formations spécialisées proposées par des institutions privées à des cursus universitaires. Parmi elles, l'Institut Français de Zoothérapie offre des certifications reconnues pour les professionnels souhaitant intégrer la médiation animale dans leur pratique. Les universités, comme l'Université de Paris Nanterre, proposent également des DU (Diplôme Universitaire) en médiation animale, alliant théorie et pratique. Enfin, des associations et des organismes professionnels offrent des stages et des ateliers pratiques pour se former aux différentes techniques et approches de la médiation par l'animal.
 

Des chemins de carrière diversifiés

En embrassant une approche empathique et éducative, ceux qui combinent leur profession initiale avec une spécialisation en médiation animale ont l'opportunité de jouer un rôle déterminant dans le développement de relations enrichissantes entre les humains et les animaux.

Être soigneur animalier et médiateur 

Il est tout à fait possible et enrichissant de conjuguer la profession de soigneur animalier avec une spécialisation en médiation animale. Cette combinaison de compétences et d'expériences peut offrir un impact profond et positif, tant pour les animaux que pour les personnes bénéficiant de la médiation. Les soigneurs animaliers possèdent une compréhension approfondie du comportement, des besoins et du bien-être des animaux, ce qui constitue une base solide pour intégrer des pratiques de médiation animale de manière éthique et efficace. Ils pourront intervenir principalement dans des fermes pédagogiques ou des centres de médiation équine.

Être éleveur et médiateur

Les éleveurs, avec leur connaissance approfondie d'une espèce spécifique, peuvent utiliser cette expertise pour développer des programmes de médiation adaptés, focalisant sur les particularités comportementales et sociales de l'espèce. Leurs animaux pourront aussi être formés à devenir chien d'éveil, ou chat de thérapie et participer à des séances de médiation en milieu hospitalier ou en Ehpad.

Être éducateur canin ou comportementaliste animalier et médiateur

Les éducateurs canins, quant à eux, avec leur expérience en formation comportementale, sont parfaitement positionnés pour faciliter des interactions positives entre les chiens et les participants aux séances de médiation. Grâce à des interventions spécialisées en collaborant avec des établissements de santé, des écoles ou des centres sociaux pour proposer des sessions de médiation animale axées sur les chiens, ils favorisent l'amélioration de la communication, de la confiance en soi, et du bien-être général des participants.
 

En conclusion, la médiation animale en France a connu d'importantes avancées, témoignant de sa capacité à enrichir profondément les vies humaines par le prisme de l'interaction animale. Sa pratique, bien qu'accessible sans diplôme spécifique, bénéficie grandement d'une formation spécialisée, qui non seulement assure une mise en œuvre éthique et efficace, mais aussi valorise le bien-être tant animal qu'humain. L'essor de cette discipline ouvre la porte à des carrières diversifiées, où professionnels du soin animal et du secteur éducatif peuvent conjuguer leurs compétences pour privilégier des interactions significatives et thérapeutiques. Plus encore, la médiation animale ouvre la voie vers un champ plus large de la médiation sociale, où l'animal devient un vecteur de communication et de guérison, renforçant les liens sociaux et facilitant l'intégration et le bien-être dans plusieurs couches de la société. À travers cette approche innovante, la médiation animale se présente comme un formidable outil de progrès social et un témoignage vibrant de l'interdépendance entre l'homme et l'animal.